Pourquoi je souhaite que ma fille parle anglais : mes 8 réflexions clés
- Judith
- 11 juin
- 9 min de lecture
"Tu veux que ta fille parle anglais pour faire genre, non ?"
Ah je l’ai entendue, celle-là (avec ce petit air entendu qui en dit long 😜).
... Et bien non ! Si j’ai décidé de transmettre l’anglais à ma fille, ce n’est ni une stratégie d’élite, ni un ego trip. Ce n’est pas un caprice de parent ambitieux, ni un plan de carrière déguisé.
👉 C’est pour des raisons profondes, éducatives, affectives, culturelles… et personnelles.
Autant de réflexions qui m’ont guidée avant de me lancer dans l’aventure du bilinguisme — et qui seront, peut-être, des pistes utiles pour vous aussi.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, une précision : certaines raisons sont appuyées par les sciences, d’autres sont profondément personnelles. Elles touchent à mon histoire, à ma sensibilité, à ma vision de ma parentalité.
Cet article n’est ni une injonction ni une vérité universelle. Il est une invitation à réfléchir et à ressentir, et à s’interroger. Il s’adresse à tous les parents qui s’interrogent : “
"Ai-je envie d’initier mon enfant à l’anglais ?
Est-ce le bon moment ?
Est-ce que je suis légitime ?”
Si ces questions résonnent en vous, j’espère que ce texte vous offrira des pistes utiles avant de vous lancer dans l’éveil à l’anglais avec votre enfant.
🧠 1. Parce que le bilinguisme booste le cerveau (et pas qu’un peu)
Ce n’est pas un mythe : l’éveil aux langues, dès le plus jeune âge, est une gymnastique cognitive exceptionnelle.
Chaque mot, chaque son, chaque va-et-vient entre deux langues stimule des zones différentes du cerveau.
🪴 Et vous ? Avez-vous envie de soutenir le développement cognitif de votre enfant au quotidien, même sans viser un bilinguisme parfait ? Parfois, quelques moments d’éveil aux langues suffisent à activer ces bénéfices.
🔄 Deux langues = deux réseaux activés en parallèle
Quand un enfant passe d’une langue à l’autre, il doit :
reconnaître dans quel contexte utiliser la bonne langue,
inhiber celle qui n’est pas utile,
mobiliser du vocabulaire spécifique à chaque registre (école, maison, jeux…).
C’est ce travail mental d’alternance et de tri qui active des zones du cerveau souvent moins sollicitées chez les enfants monolingues.
💡 Et si… vous observiez comment votre enfant s’adapte déjà à différents contextes dans sa langue maternelle ? Cela pourrait vous éclairer sur sa capacité naturelle à jongler entre plusieurs systèmes.
🧩 Des bénéfices cognitifs prouvés
Plusieurs études en neurosciences et en psychologie cognitive montrent que les enfants bilingues développent :
une meilleure mémoire de travail (celle qui permet de retenir plusieurs infos à la fois),
une plus grande flexibilité mentale (changer de règle, de point de vue, de stratégie),
une capacité renforcée à résoudre des problèmes complexes,
une attention sélective plus fine, car ils doivent constamment faire le tri entre deux systèmes linguistiques.
Et tout cela, sans qu’ils aient à “faire des efforts” au sens classique du terme : leur cerveau se façonne ainsi de manière naturelle, simplement parce qu’ils vivent avec deux langues.
🎯 Posez-vous cette question : Quelles compétences souhaitez-vous encourager chez votre enfant à travers les langues ? Le bilinguisme peut être un levier puissant… même à petite dose.
🧠 Non, ça ne les "confond" pas. Au contraire.
Contrairement à certaines idées reçues, exposer un enfant à deux langues dès le plus jeune âge ne le perturbe pas — même s’il mélange parfois les deux.C’est une étape normale de l’apprentissage (appelée “code-switching”), et non un signe de confusion.
➡️ Ce mélange montre au contraire qu’il comprend les deux systèmes linguistiques et qu’il tente de s’en servir selon ce qu’il sait et comprend du contexte. J’en suis convaincue et ma collection de livre bilingues the Zazoo s’appuie sur cette faculté qu’ont les enfants bilingues.
🎓 Et plus tard ? Un avantage à l’école... et au-delà
Les bénéfices cognitifs du bilinguisme ne s’arrêteraient pas à la petite enfance.On observerait aussi :
de meilleurs résultats scolaires en lecture et en mathématiques,
une plus grande facilité à apprendre d’autres langues plus tard,
et une plus grande ouverture à la diversité culturelle, très valorisée dans le monde professionnel.
Bref, quand je parle à ma fille en anglais, je ne cherche pas à la “faire briller” ou à en faire une enfant précoce. Je sais simplement que je nourris, à son rythme, une gymnastique cérébrale précieuse, tout en posant les bases d’une relation souple, riche et stimulante au langage, mais aussi à la pensée.
📘 À réfléchir : Ce que vous initiez maintenant pourrait avoir un impact bien au-delà de l’enfance. Et si le bilinguisme devenait un héritage discret, mais durable ?
🌐 2. Parce que l’anglais est (déjà) partout
L’anglais est omniprésent. Il est la langue du web, des jeux vidéo, des films, des séries, de la science, du commerce, de la musique, des voyages, des conférences.
Même en dehors des pays anglophones, il s’impose comme langue-passerelle dans des domaines aussi variés que les relations internationales, les start-up, ou même les loisirs culturels. C’est une langue pivot.
Je ne veux pas que ma fille ressente un jour un blocage devant un film, un site Internet, un échange d’email. Je ne veux pas que cette langue soit une barrière à son autonomie.
En lui offrant l’anglais dès l’enfance, je pense poser les jalons pour lui offrir la possibilité de circuler librement dans un monde globalisé. Sans avoir besoin de toujours traduire, chercher, demander.
Et puis, dans notre quotidien à Londres, c’était aussi la langue de l’environnement : de ses camarades, de ses jeux dans le parc, des affiches dans la rue. Je veux qu’elle s’y sente chez elle, pas étrangère.
🎈 Conseil : Demandez-vous : dans quel environnement linguistique grandit mon enfant aujourd’hui ? A l’école, au sein de votre famille (élargie aux grands-parents, aux oncles et tantes, aux amis proches…), dans l’environnement...
👁️ 3. Pour qu’elle voit le monde autrement
Parler une autre langue, c’est élargir son regard. C’est comprendre qu’un même mot peut avoir mille nuances. C’est apprendre à écouter, à se décentrer, à accueillir la différence.
Parler une autre langue, ce n’est pas juste changer de mots : c’est changer de point de vue. Chaque langue transporte une manière de penser, de structurer les idées et de nommer les émotions.
En anglais, on dira “I miss you” (un sujet actif). En français, on dira “Tu me manques” (c’est l’autre qui agit sur moi). Ce ne sont pas juste des différences grammaticales. Ce sont des manières d’habiter le monde.
Je veux que ma fille sache qu’il n’y a pas une seule bonne façon de voir, de dire, de ressentir. Je veux qu’elle comprenne, dès le plus jeune âge, que ce qui lui semble « normal » ici peut paraître étrange ailleurs — et que c’est précisément cela qui est riche.
Le bilinguisme ouvre la porte à l’altérité, à la tolérance et à l’humilité intellectuelle. Et dans un monde où les certitudes crient fort, j’ai envie de lui offrir cette petite voix intérieure qui dit : “Et si je regardais autrement ?”
🔎 Et vous ? Quelle valeur accordez-vous à la diversité dans l’éducation de votre enfant ? Avez-vous envie d’ouvrir votre enfant à d’autres manières de penser et de ressentir ? Observez comment votre enfant perçoit la différence : une autre langue peut devenir un outil puissant d’éducation à la tolérance, sans leçon de morale.
💬 4. Parce que l’anglais, c’est aussi moi
L’anglais n’est pas qu’un outil. C’est une part intime de notre vie familiale.
J’ai vécu toute ma vie adulte à Londres. J’y ai aimé, travaillé, grandi. Je pense en anglais. Je rêve parfois en anglais. Et certains mots me viennent plus naturellement dans cette langue-là.
Je veux pouvoir partager cela avec ma fille. Nos livres, nos films, nos chansons en VO. Je veux pouvoir lui dire “I’m proud of you” sans chercher la traduction. J’ai été tout aussi émue la première fois qu’elle a dit “Mummy” que “Maman”.
L’anglais n’est pas qu’un outil d’apprentissage dans notre maison. C’est une langue affective, presque intime.
C’est dans cette langue que j’ai fait mes premiers choix d’adulte. Que j’ai fait mes premières expériences professionnelles significatives, construit mes premières amitiés indépendantes, écrit mes premières lignes de journal. C’est avec et pour cette langue que j’ai créé mon tout premier livre bilingue pour enfant.
Partager l’anglais avec ma fille, c’est donc lui transmettre une partie de mon histoire. Pas pour qu’elle me ressemble. Mais pour que nos échanges soient tissés de cette fibre sensible, qui va au-delà des mots.
Je veux qu’elle sente que cette langue n’est pas un outil scolaire, mais un lien vivant entre nous.
🧭 Et vous ? Y a-t-il une langue que vous associez à une part intime de vous ? Réfléchir à votre propre rapport affectif aux langues peut guider votre transmission.
🧸 5. Pour l’élever dans une autre "musique" éducative
Mon style parental est clairement influencé par la culture anglo-saxonne (du moins, j’essaye !) : 👉 plus de bienveillance, moins d’injonctions 👉 plus d’encouragements, moins de jugements
Et souvent, quand il s’agit de valider ses émotions, les mots me viennent plus facilement en anglais. Des phrases comme : “I hear you. It’s okay to feel this way.” sonneraient terriblement faux en français. In English, elles résonnent avec un espace en moi plus doux, plus libre, plus apaisé. L’anglais me connecte à une forme d’éducation émotionnelle qui me parle profondément.
Le bilinguisme, pour moi, c’est aussi l’opportunité d’élargir notre palette parentale. De sortir du cadre franco-français parfois plus rigide ou normatif. Et d’ouvrir la porte à une relation éducative plus souple et plus empathique.
🗣️ Conseil : Observez dans quelle langue vous vous sentez le plus aligné·e pour accompagner les émotions de votre enfant. Parfois, la langue choisie change l’ambiance… et la relation. Le choix d’élever un enfant avec deux langues peut être l’occasion d’interroger ses repères éducatifs… et d’en inventer de nouveaux.
🏙️ 6. Parce que c’est déjà sa réalité
Ma fille a vécu à Londres de ses 18 mois à ses 3 ans et demi. Elle a été en crèche bilingue, ses amis parlent plusieurs langues, ses livres aussi.
L’anglais fait déjà partie d’elle : il façonne sa pensée, son humour, sa manière d’apprendre. Ce n’est pas une option future. C’est son présent.
Ce n’est pas un choix abstrait. Ma fille vit dans une ville bilingue, même depuis notre retour en France, puisque nous parlons anglais à la maison. Elle est entourée d’enfants qui parlent plusieurs langues à la maison.
Ce n’est pas quelque chose qu’on ajoute à sa vie, c’est quelque chose qu’on reconnaît dans sa vie.
Supprimer son exposition à l’anglais, ce serait aujourd’hui comme l’empêcher de comprendre les codes d’un monde auquel elle appartient déjà.
Lui permettre d’évoluer dans cette double culture, c’est lui donner des racines plus larges, plus solides.
📌 Conseil : Il n’est pas toujours nécessaire de créer un « programme bilingue » artificiel. Parfois, il suffit de préserver une continuité déjà présente dans le quotidien.
🧭 7. Parce que je crois à l’ouverture, pas au repli
À une époque où l’on érige des murs, je veux lui transmettre des ponts.
Le bilinguisme, ce n’est pas juste un atout scolaire. C’est une philosophie de vie. Une manière d’aller vers l’autre, d’écouter, de comprendre.
Je veux qu’elle sache qu’il existe mille façons de penser, d’exister, de dire. Et que toutes méritent d’être entendues.
Dans un monde qui se replie trop souvent sur lui-même, qui érige des frontières mentales aussi vite que physiques, je veux semer en elle la graine de l’accueil.
Parler deux langues, c’est avoir deux façons d’écouter. Deux façons de dire “je t’aime”, “j’ai peur”, “j’ai compris”.
C’est un pas de côté. Un pas vers l’autre. Et parfois, un pas vers soi.
🌉 Et vous ? Que voulez-vous que votre enfant retienne du monde ?
🔁 8. Pour qu’elle évite ce que j’ai vécu
Ironie du sort : j’ai longtemps détesté l’anglais. Appris de façon rigide, sans lien réel, sans plaisir… cette langue ne m’inspirait rien.
C’est en découvrant la VO de Friends en école de commerce que tout a basculé. Enfin, je comprenais que cette langue pouvait être vivante.
Je ne veux pas qu’elle vive cette frustration. Je veux qu’elle découvre un anglais vivant et que, justement, elle le vive comme un jeu, un plaisir, une expérience joyeuse, et pas comme une épreuve. Et qu’il soit là, naturellement, comme une mélodie qui l’accompagne.
Et si un jour, elle choisit une autre langue, un autre chemin… tant mieux. Elle saura que les mots sont les clés d’autres portes à pousser.
🤓 Conseil : Repérez ce qui, chez vous, a déclenché le plaisir d’apprendre une langue. Vous pouvez recréer cette étincelle pour votre enfant. Et pour vous. Quelle a été votre propre histoire avec les langues ?
💞 En résumé
Le bilinguisme, pour moi, ce n’est pas une ambition élitiste. C’est une posture d’amour et de confiance. Une manière d’accompagner ma fille dans un monde complexe, mouvant, multilingue. C’est un espace de lien et de liberté.
Je ne veux pas que ma fille ait peur des langues. Je veux qu’elle s’y sente libre. Je veux qu’elle sache que sa voix peut résonner dans plusieurs cultures. Et qu’il n’y a pas qu’une seule façon d’être au monde.
🧶 Dernier conseil pour la route : Écoutez votre intuition. Posez-vous les bonnes questions. Le bilinguisme n’est pas un but : c’est un chemin, unique pour chaque famille.
Et vous ? Où en êtes-vous de votre réflexion ? Je serais ravie de lire vos partages 💬
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